Anne-Marie Voisard
Le Soleil
Collaboration spéciale
Merveilleux contraste! Vous venez à peine de quitter le froid, la grisaille de fin d'automne qui annonce le long hiver. Et l'air, dès que s'ouvrent les portes de l'avion, change du tout au tout. Bienvenue à Puerto Plata, sur la rive nord de l'île d'Hispaniola, en République dominicaine. Une destination connue des Québécois. Ici, il fait chaud et humide, même en pleine nuit. Nous roulons vers la Costa Dorada, la côte dorée, dont nous découvrirons, au lever du jour, qu'elle porte bien son nom. Le sable est d'un jaune clair et fin, qui invite tout de suite à se déchausser. Marcher pieds nus sur la plage ou aller à la rencontre des vagues qui déversent leur écume, c'est au choix. À moins que vous ne préfériez la piscine, comme ce couple d'amoureux qui laisse traîner un livre sur l'une des chaises qui la bordent : Comment amener sa femme au 7e ciel?
Notre hôtel s'appelle Iberostar et affiche cinq étoiles. Mais il y en a une quinzaine d'autres à proximité, dans le complexe de Playa Dorada, qui proposent, eux aussi, la formule tout inclus. C'est pratique. Pas de pesos à prévoir pour le service ou les pourboires. Les vacanciers sont identifiés par le bracelet qu'on leur attache au poignet... comme à l'hôpital.
Il y a donc la baignade qui rafraîchit, ainsi que les nombreux cocktails, souvent à base de rhum, une production locale, ou encore la cerveza (bière). La plus populaire, une blonde délicieuse, est la Presidente. Mais on ne fait pas que boire. On mange aussi. Beaucoup. Trop.
Buffets orgiaques Les restaurants sont nombreux. À toute heure, on peut bouffer. Ça commence au buffet du petit déjeuner. Gargantuesque. C'est partout pareil. Bacon, saucisse. Omelettes. À certains endroits, telle la Victorian House, dans la baie de Sosua, ville voisine, on pousse l'attention jusqu'à les confectionner en votre présence, avec les ingrédients que vous voulez. Pain doré, crêpes, à quoi s'ajoutent les mets locaux, par exemple les plantains frits.
La liste s'étire de ce qui fait engraisser. Les obèses abondent parmi les touristes, alors que rien ne manque pour bien se nourrir. Les fruits frais s'étalent par gros morceaux. Papayes, ananas (plus sucrés et juteux que les importés), mandarines, melons, cantaloups, etc. Sans oublier les fruits de la passion, un régal acidulé, qu'on déguste à la petite cuiller.
Les palmiers ne cessent de nous rappeler qu'on est en pays tropical, de même que les bosquets fleuris d'hibiscus ou autres oiseaux du paradis. Sur le balcon, un lézard. À deux pas du lobby de l'hôtel, des flamants roses. Ce ne sont pas des faux. Et aussi des moustiques. On ne les voit pas, mais ils piquent.
On vit dehors en République dominicaine. Et on a envie parfois d'aller voir ailleurs, même si le tout-inclus incite à rester sur place.
Les activitésÇa tombe bien, car des activités, il y en a. Safari sur des routes de terre cahoteuses, à bord d'un camion ouvert. Ça brasse là-dedans, mais permet de découvrir l'arrière-pays, là où les poinsettias atteignent la taille d'un arbre. D'autres opteront pour l'excursion en catamaran et les émotions du snorkeling. Le rhum y coule généreusement. Les ceintures de sauvetage se laissent désirer.
La prudence n'est pas le fort des Dominicains. On le constate sur les routes, où les mobylettes (motos conchos), lourdement chargées, se faufilent entre les autos, parfois même en sens inverse. À Cabarete, embouteillage monstre. On est en train de refaire la route, après avoir remodelé la plage, qui avait souffert de l'érosion. L'arrêt vaut la peine. Cette petite ville, à l'est de Sosua, a un goût de revenez-y.
La première fin de semaine de novembre s'y tenait pour la huitième fois un festival de jazz. Pensez à celui de Montréal. Et déménagez la scène de la rue Sainte-Catherine, au bord de la mer. Soirée mémorable. Le lendemain, sur la même plage où s'alignent les bistrots, vous irez prendre l'apéritif et découvrirez, avec surprise, que les branchés du coin s'amusent avec leur portable. Internet sans fil est rendu là.
Dans l'eau, juste devant, les sportifs s'adonnent, selon les heures, au surf, au kitesurf ou à la planche à voile. Les vents forts en font un endroit prisé pour la compétition. Sur la rue principale, enfin, ce sont les boutiques qui retiennent l'attention.
Pour les enfants Les enfants ne sont pas laissés pour compte. Chaque hôtel a son aire de jeux qui leur est destinée. De plus, Ocean World, inspiré du modèle de Sea World, en Floride, contient plus qu'il n'en faut pour les captiver. On accède à ce parc marin de Playa Cofresi en traversant rien de moins qu'une chute qui inonde l'auto. Le ton est donné. Spectacles mettant en vedette dauphins, requins savants. Les raies défilent dans un bassin, tandis que les braves sont invités à nager avec les tigres, séparés d'eux par une invisible paroi de verre. On peut aussi les nourrir de la main. En complément, une volière semblable à celle qu'on a fermée au zoo de Québec, remplie d'oiseaux exotiques.
Les adultes ont le casino pour les distraire... et vider leurs poches, au sortir du show Bravissimo. Tout ça dans le giron de Sun Village, un vaste ensemble hôtelier en pleine expansion, propriété d'une famille ontarienne, les Elliott.
Un peu de cultureEn continuant vers l'est, après avoir visité le musée de l'ambre et celui du rhum, à Puerto Plata, une visite s'impose à Santiago de los Cabelleros, deuxième plus grande ville du pays. Celle du Centre Leon, un musée récemment ouvert qui se consacre à la culture, à l'art et à l'environnement. Bien avant l'arrivée de Christophe Colomb, en 1492, ça bougeait dans l'île. Les mangroves grouillaient de vie. Les Taïnos, tribu indigène, avaient leur histoire.
Lorsqu'on aura vu la cathédrale et le monument dédié aux héros de la Restauration, qui domine la ville de ses 67 m, s'il reste du temps, il faut pousser une pointe jusqu'à Playa Grande, une plage de sable blanc, absolument magnifique. Et son golf de 18 trous avec vue imprenable sur la mer. De quoi ne plus avoir envie de repartir et faire comme ces Québécois, Marie-France Paquette et Claude Bouthillier, qui possèdent La Catalina, l'hôtel le plus proche, à 15 km de là. Les chanceux.
Des gens accueillants malgré la misèrePeuple chaleureux, accueillant. Les Dominicains ne demandent qu'à échanger, pour peu que les touristes sortent de leur tour d'ivoire, les hôtels qui les tiennent à l'écart du vrai monde, où l'on communique en anglais.
La connaissance de l'espagnol est un atout. Encore que le français surgisse dans des lieux inattendus. Parmi les vendeurs itinérants de Playa Grande ou dans les stands aménagés près de la plage de Sosua. Margarita, une jeune Noire au sourire irrésistible, confectionne des tresses. Son voisin, tout aussi noir, vend des tableaux. Il s'exprime dans une langue châtiée. Tous deux sont Haïtiens. Les plus pauvres d'entre les pauvres.
«L'animosité n'est pas due au racisme, mais à la guerre», dit Carlos Romero, notre guide pendant une semaine, à propos des héritiers de Duvalier, qui occupent le tiers de l'île d'Hispaniola, mais débordent la frontière dans l'espoir de trouver du travail. Ce sont eux, souvent, qu'on voit dans les plantations de canne à sucre ou sur les chantiers de construction où les moyens demeurent archaïques.
Dure réalitéLa vie n'est facile pour personne dans ce pays où le salaire minimum s'établit à 6000 pesos, soit 175 $ par mois environ. Et ce n'est pas tous qui le reçoivent. Heureusement que la nature compense par sa richesse exceptionnelle. Suffit de tendre le bras pour cueillir une mangue ou un avocat. Dès qu'on sort des villes, les poulets courent en liberté autour des maisons. On croise aussi des fermes d'élevage. Mais l'alimentation en eau pose problème. Et l'électricité, peu fiable, coûte cher.
C'est pourquoi l'émigration vers les États-Unis, particulièrement New York, est forte. Et parfois dramatique, comme on l'a vu avec Ramon Mercedes, ce jeune Dominicain arrivé clandestinement au Saguenay à bord d'un bateau, qui a dû être amputé des deux pieds. Tout compte fait, la plupart des gens préfèrent s'accommoder. Les enfants sont mis très tôt à contribution. Ils vont à l'école, ou le matin ou l'après-midi. Ce qui leur permet d'aider à la récolte du cacao et d'avaler un bon chocolat chaud avant de partir sur les routes. Les squeegees ont 10 ans.
Mais les gens ne semblent pas malheureux pour autant. Les femmes font le lavage dans de vieilles lessiveuses. Elles étendent le linge le long des clôtures. Les hommes conduisent d'anciens pick-up en état de décomposition avancée (parfois un cheval ou un âne), et se soucient peu des règlements. La musique joue à tue-tête. Partout, elle est intarissable. Si bien qu'on s'habitue. Les airs nous deviennent familiers.
Salsa, bachata, merengue! Les Dominicains ont le rythme dans le sang. Excellents danseurs. D'un naturel bon enfant, ils ont le rire facile. Leur compagnie est agréable. Surtout qu'ils manifestent une rare ouverture envers les touristes que nous sommes.
RepèresGéographie La République dominicaine, qui compte 8,7 millions d'habitants, occupe les deux-tiers de l'île d'Hispaniola, entre Cuba et Porto Rico. Le reste est habité par Haïti.
Comment s'y rendre De Québec, il y a aura plusieurs vols directs encore cet hiver. Deux pour Puerto Plata, deux pour Punta Cana, un pour Samana, un pour La Romana. Et, nouveauté, un vol Bagotville-Punta Cana.
Monnaie Le peso dominicain. Pour 1 $, on peut en obtenir 34. Les hôtels possèdent des bureaux de change, mais offrent moins. Vaut mieux prévoir. Le dollar américain est presque partout accepté, ce qui n'est pas le cas de notre dollar.
Transports locaux Pour les excursions organisées, on vient chercher les gens à leur hôtel. Sinon, il y a les taxis. Ou encore les autobus, aux horaires et itinéraires aléatoires. On déconseille les mobylettes (motos conchos), trop dangereuses. C'est possible de louer une auto. Mais la conduite exige une grande prudence.
Santé Attention à l'eau qu'on boit. Celle du robinet est à proscrire absolument. Les crudités, telle la laitue, sont à éviter. Si vous allez dans une clinique santé-voyages, on vous recommandera les vaccins contre l'hépatite A et B, et un rappel, si ce n'est déjà fait, pour celui contre la polio.
Logement En principe, tout est bouclé avant le départ, à cause de la formule tout-inclus. Sinon, Victorian House, qui donne sur la baie de Sosua, pourrait s'avérer un choix intéressant. L'hôtel de style colonial fait partie d'un vaste ensemble hôtelier en voie de restauration. L'atmosphère est sympathique, le service courtois. De plus, c'est à cinq minutes de marche du centre-ville de Sosua.
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La collaboratrice du Soleil était l'invitée du Bureau de tourisme de la République dominicaine.Source La Presse
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