Fabienne Couturier
La Presse
En ce début décembre, sur la plage de Hollywood, en Floride, pas un chat ou presque. Quelques ados déambulent nonchalamment. Des abris de plage rayés bleu et blanc se déploient ici et là au-dessus de couples silencieux. La quiétude des lieux ne sera pas la seule surprise de ce voyage. Hollywood, destination favorite de bien des Québécois depuis des lustres, nous est apparu plein de charme. À commencer par son
broadwalk, la jolie promenade qui longe le bord de mer. On dit bien
broad (comme dans large) et non
board (comme dans planche), puisque la promenade, de la largeur d'une rue, est désormais pavée.
Sur deux milles et demi, à vélo ou à pied, on appréciera les immeubles qui la bordent, auxquels on a récemment redonné leur charme
vintage. Bleu ciel, jaune banane, rose layette, ils sont si pimpants, avec leurs couleurs de guimauves miniatures et leur petit air rétro, qu'on s'étonne presque de voir passer une voiture de l'année!
Côté plage, un muret festonne toute la promenade, interrompu de place en place par un fort joli portail. Au coucher du soleil, le tout se teinte de rose et d'or. Des mamans poussent leur landau, des couples font leur jogging, des enfants s'ébrouent dans les vagues, des pêcheurs tendent leur ligne; il y a là une douceur de vivre qu'on n'aurait pas imaginée.
C'est le moment de se poser à la terrasse du chic hôtel Marriott, dont les murs turquoise se marient tellement bien au décor qu'on les croit d'époque eux aussi. Les pieds dans le sable et les yeux dans le vague, on partage trois ou quatre entrées - carpaccio de thon, cocktail de crevettes, acras de crabe et de homard, calmars frits... tout est absolument délectable et étonnamment abordable. De quoi fondre de plaisir sans même se ruiner!
Si l'on préfère plus
funky, il y a ce qu'il faut dans ce qu'il est convenu d'appeler l'Art and Design District. Une quantité de commerces, de restos et de cafés, dont certains ont jalousement conservé leur charme
fifties, font de l'oeil aux passants.
Même ambiance à Delray Beach, petite ville de 60 000 habitants qui connaît également une nouvelle jeunesse après une période de déclin. Les restos sympas, les bars et les commerces y prospèrent, et l'on dit que près d'un demi-million de personnes y viennent pour les festivités de fin d'année.
Même en dehors de cette période, on pourra avec bonheur faire le lézard sur la plage. Celle de Delray, vraiment, est la plus belle qu'on ait vue dans la région, à cause de son sable plus blanc qu'ailleurs, de ses dunes inviolées, de son calme inouï dans ce qui n'était pas encore, il est vrai, la haute saison.
Hormis cela, la société d'histoire locale a habilement restauré quelques maisons historiques que l'on peut visiter, et Atlantic Avenue offre bien sûr toutes les jouissances nécessaires aux accros du shopping.
Morikami mon amourEnfin, on passera facilement une journée complète à parcourir en rêvant les sentiers des jardins Morikami: 80 hectares de fraîcheur et de beauté dans un ordonnancement parfait, inspiré des grandes époques de l'art paysager nippon.
Selon la revue
Journal of Japanese Gardening, le parc Morikami se classe huitième parmi les 25 plus beaux jardins japonais d'Amérique du Nord (celui du Jardin botanique de Montréal arrive au 20e rang). Ici, l'équilibre, le raffinement, la zénitude se trouvent à chaque détour de sentier. Jardin romantique où murmure une cascade au parcours savamment planifié, légère forêt de bambous, bosquets de pins vénérables, paisible lac bordé de rochers posés là pour attirer l'oeil, pagodes élégantes, gravier aux sillons minutieusement tracés...
Au milieu du jour, pour une pause entre la promenade au jardin et, pourquoi pas, la visite du musée (qui vaut assurément le détour pour les férus d'art japonais), le café Cornell propose un intéressant menu asiatique à prix franchement dérisoire. Essayez la
bento box, un assortiment des spécialités du chef présentées dans une jolie boîte laquée. C'est copieux, délicieux et, à 12,95 $, sans doute le meilleur rapport qualité-prix de tout le comté! En prime, la terrasse vous offre une vue sur le lac, les rochers, le pavillon au loin. Plus zen, il n'y a pas.
Les amateurs d'orchidées (et même les autres) seront quant à eux émerveillés par les jardins de l'American Orchid Society, où des milliers de spécimens plus extravagants les uns que les autres fleurissent à tout moment au milieu des plantes tropicales. Il y a vraiment de quoi en perdre son latin! Détail rigolo, la société offre aux amateurs les services d'un docteur des orchidées: une minuscule vieille dame vêtue d'un sarrau blanc, stéthoscope au cou, examine votre plante, pose un diagnostic et propose des traitements.
Only in United States!
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www.morikami.org
www.aos.org
Source La Presse
Pascal