André Désiront
La Presse
Collaboration spéciale
Que valent les palmarès censés identifier «la meilleure compagnie aérienne»? Les sondages les plus médiatisés classent régulièrement trois ou quatre compagnies asiatiques en tête: Singapore Airlines, Cathay Pacific, Thaï et, depuis deux ans, Qatar Airways.
C'est le cas de Skytrax, qui publie chaque année le palmarès le plus réputé en matière de transporteurs (ses sondeurs interrogent 260 000 personnes). C'est aussi le cas du palmarès de Condé Nast Traveler qui, cette année, a attribué les cinq premières places à Singapore, Air New Zealand, Qatar Airways, Cathay Pacific et Thaï. Pour sa part, Travel & Leisure fait aussi la part belle à Singapore (premier) et Cathay (quatrième). Quelques compagnies européennes obtiennent des mentions honorables, mais figurent très rarement dans le peloton de tête.
Les Air France, British Airways et autres Swiss font meilleure figure, lorsque ce sont des organismes européens qui se livrent au même exercice. Ainsi, Que Choisir, qui regroupe 172 associations de consommateurs en France et en Belgique, accorde la palme de «la meilleure compagnie aérienne du monde» au transporteur belge SN Brussels. La compagnie s'est vue décerner le même honneur par le site belge Skynet. Quant au magazine en ligne britannique Business Travel, il conclut que la meilleure compagnie aérienne du monde est British Airways. Et sur des sites français comme 101-votes.com ou Air Valid, c'est Air France qui est en tête du «top 10».
Des Belges qui plébiscitent un transporteur belge, des Français qui préfèrent Air France, des Britanniques qui accordent leurs faveurs à la principale compagnie aérienne du Royaume-Uni... Curieux hasard? Pourtant non. Les gens ne peuvent émettre un avis que sur ce qu'ils connaissent. Or les Belges voyagent davantage sur une compagnie belge, et les Britanniques connaissent surtout British Airways.
Les sondages les plus médiatisés dans le monde sont réalisés par des firmes anglo-saxonnes, qui consultent d'abord les clientèles américaine, britannique et australienne. Ce qui se traduit par deux distorsions. Ces voyageurs favorisent d'abord les compagnies aériennes anglo-saxonnes et ensuite les compagnies asiatiques, lorsqu'ils voyagent vers l'Asie. Ils connaissent donc moins bien les compagnies européennes. D'autre part, ils n'ont pas les mêmes critères d'évaluation que les Européens... ou que les Québécois. Pour eux, le repas et le service des vins sont souvent moins importants que le choix de films et de jeux vidéo, par exemple. Ce qui n'est pas le cas des voyageurs de sensibilité latine.
Voici deux ans, j'ai essayé la classe affaires de Cathay entre Toronto et Hong-Kong. Aussi bien à l'aller qu'au retour, le service était nettement inférieur à celui auquel j'ai déjà eu droit en classe affaires sur Air France ou sur Japan Airlines, par exemple, qui se classent régulièrement derrière Cathay dans les sondages américains.
Les palmarès établis à coups de sondages doivent être pris avec un grain de sel et compris dans un contexte particulier.
Source La presse
Pascal